France

trois ans de probation pour l’ancien président du Medef Ernest-Antoine Sierre

L’ancien président du Medef et ancien directeur de Wendel, Ernest-Antoine Seillière, à Paris, en octobre 2014. ERIC PIERMONT / AFP

Les anciens dirigeants d’investissements de Wendel, financiers de haut rang, n’auraient pas dû s’attendre à recevoir un sermon d’un magistrat sur les montages financiers complexes et leur fiscalité. Il s’agissait pourtant d’une leçon de près de deux heures, que le président de la 32e chambre correctionnelle du tribunal de Paris a donnée mercredi 20 avril. Benoît de Pertuis a pris le temps de dissiper un à un les arguments hypertechniques dans lesquels de nombreux avocats d’Ernest-Antoine Sierre, ancien président du Medef, et de treize autres anciens dirigeants de Wendel ont tenté de noyer le tribunal.

Ils sont tous sortis mercredi, condamnés pour avoir participé en 2007 à un système d’intéressement qui leur avait permis de distribuer plus de 316 millions d’euros sans payer un sou d’impôts. Le plus sévèrement sanctionné, avec quatre ans de prison avec sursis, est Jean-Bernard Lafonta. L’ancien président du directoire a été reconnu coupable de “fraude fiscale” – il en a été le premier bénéficiaire avec 116 millions d’euros – et de “complicité de fraude fiscale” – pour avoir été le cerveau de ce mécanisme et incité d’autres à y participer. Il devra également s’acquitter d’une amende de 37 500 euros, ridiculement, a déclaré le président. C’était le montant maximum prévu par le Code pénal au moment des faits. Depuis, la loi l’a porté à 500 000 euros.

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Le tribunal n’a pas suivi le parquet national des finances, qui a requis une peine de trois ans de prison plus deux ans avec sursis. Mme de Perthuis, intransigeante dans la qualification de la gravité de la fraude, a justifié l’absence d’emprisonnement, notamment avec l’ancienneté des faits, quinze ans.

M. Seillière a été condamné à trois ans de mise à l’épreuve et à la même amende que tous ses anciens collègues. Grâce à cette opération, il avait touché 79 millions d’euros. Le président du tribunal a souligné que l’implication de l’ancien patron de Wendel, aujourd’hui âgé de 84 ans, dans cette fraude fiscale est “particulièrement lourde” au regard des fonctions de président du patronat européen, qui étaient les siennes au moment des faits. Elle a souligné la contradiction entre les valeurs qui auraient dû être au cœur de ses préoccupations et “le détournement à son profit personnel d’un dispositif fiscal mis en place en 2000 pour faciliter la restructuration des entreprises en raison de leur intérêt pour l’économie”. Il s’agissait d’un report d’imposition en cas de transfert en nature de titres.

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