“Je rejette que dans le contexte politique national que tout le monde connaît, notre université puisse devenir un instrument politique d’éléments extrémistes ou d’éléments animés par la haine de l’autre et à cause de la religion, du racisme, de l’antisémitisme ou du négativisme. Notre université, nommée Jean Moulin, fera tout son possible pour les combattre. Les étudiants de la Manufacture des Tabacs ont reçu ce 14 avril ce mail d’Eric Carpano, président de l’université Lyon 3. Sa réputation sur le bon campus n’est pas nouvelle, surtout au vu des cours dispensés dans les années 2000 par Bruno Golnis, alors figure majeure de la le Front national. .
La manifestation, initiée par l’Unef Lyon, aura lieu ce jeudi (12h) devant l’université Jean Moulin. – Jérémy Laugier / 20 minutes
Confronté à de nombreuses dénonciations d’action d’extrême droite pendant un mois à son cabinet, Eric Carpano s’est engagé à « signaler au procureur » les faits et propos de racisme, d’antisémitisme, de déni et de sexisme, « qui ne sont pas des opinions mais des crimes ». .” Il a réaffirmé mardi sa détermination à poursuivre les étudiants de deuxième année en histoire pour poursuivre les étudiants incriminés. Selon Matilde Amar Amgari, 19 ans, membre de la promotion, les faits ont commencé à la rentrée en septembre. Une vidéo d’un rassemblement nazi a également été diffusée en classe.
“Beaucoup d’étudiants se sont sentis abandonnés”
La jeune femme est formelle : “Dès qu’il est question d’islam, de colonisation ou d’homosexualité pendant le cours, les mauvaises blagues éclatent.” Un épisode sera “choquant” surtout cette promotion le 4 avril, lorsqu’un étudiant se met un foulard autour du visage dans l’amphithéâtre pour se moquer d’une femme voilée assise à côté de lui. “C’était trop d’humiliation” pour Matild Amar Amgari, qui a immédiatement dénoncé le “comportement épouvantable” de l’enseignant puis a ouvertement pointé du doigt la cocarde lyonnaise.
Cette association étudiante d’extrême droite, apparue sur les campus de Lyon en 2020, était systématiquement citée par la vingtaine de personnes que nous avons interrogées sur le sujet. Cinq ans après la dissolution du Groupe de défense de l’Union (GUD), très implanté dans le paysage universitaire en 2010, La Cocarde a cristallisé cette poussée d’extrême droite vue à Lyon 3. Secrétaire général de l’Union nationale des étudiants (Unef) en Lyon Manon Mer résume la situation.
De nombreux étudiants nous ont contactés car ils se sentaient abandonnés par la montée de ces manifestations de harcèlement et d’intimidation racistes et sexistes. L’administration Lyon 3 insiste depuis longtemps sur l’importance de la liberté d’expression, pas sur le fait que nous sommes face à des militants aux idées déplaisantes qui ont réussi à agir en toute impunité. »
Des croix gammées et des messages de haine trouvés dans les toilettes d’un collège
A tel point que le syndicat étudiant de Lyon, qui organise un rassemblement ce jeudi (12h) devant la Manufacture des Tabacs (Lyon 8) pour “combattre l’extrême droite et ses idées racistes, sexistes et islamophobes dans nos universités” , conclut son communiqué : “L’université doit de toute urgence prendre ses responsabilités et ne plus permettre à l’extrême droite de faire de Lyon 3 son site.”
Entre 2 000 et 3 000 personnes se sont rassemblées samedi à Lyon pour manifester contre l’extrême droite. – Unef Lyon
Elies, étudiant de 24 ans, partage cette crainte : “On sent que l’extrême droite a tendance à se relâcher à Lyon 3 dans le contexte actuel de l’élection présidentielle. La Cocarde a même récemment réprimé une manifestation étudiante contre le racisme pour en faire une manifestation contre le racisme “anti-blanc”. Outre la promotion de la 2e année de droit, la plupart des étudiants de l’université Jean Moulin ont vu ce mois-ci des croix gammées et des messages haineux dans les toilettes de l’établissement, avant qu’elles ne soient nettoyées une semaine plus tard.
“On se demande jusqu’où ça peut aller”
“C’est incroyable et tellement gênant de tomber sur de tels signalements”, soupire Maeva, 20 ans, étudiante licenciée au LLCER. On connaît tous la bonne réputation de Lyon 3, mais on a l’impression qu’elle a évolué dans le bon sens. Ces étiquettes augmentent le sentiment d’insécurité et encore plus pour les personnes discriminées. »
les pros d’extrême droite de Lyon 3, vous êtes une honte pic.twitter.com/lDPnAZjvGd
– em🦋 (@dontworryemilie) 15 avril 2022
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“Honnêtement, quand on voit les démonstrations de puissance d’une association comme la Cocarde et ses tentatives d’intimidation, on se demande jusqu’où elle peut aller”, a déclaré un étudiant en histoire, qui préfère rester anonyme.
La Cocarde évoque « gendarme de la pensée » et « méthodes bolcheviques »
Dans un communiqué diffusé samedi sur les réseaux sociaux, La Cocarde Lyon, qui a appelé Marin Le Pen à voter au second tour de l’élection présidentielle, s’est défendue contre toutes “ces tensions”. S’estimant “victimes de la répression de l’extrême gauche”, ses membres dénoncent la “calomnie”, le “wokisme”, la “police de la pensée”, voire les “méthodes bolcheviques”. L’association vient de rédiger un autre communiqué pour justifier son emprunt à l’amphithéâtre de la Manufacture des Tabacs, mercredi à 18 heures. Elle a demandé au président de l’université de “rompre avec la culture de la chasse aux sorcières proposée par l’UNEF”.
Communiqué du 20.04.2022 : AG Cocarde Lyon à @UJML pic.twitter.com/fhVDfhhyy1
— La Cocarde Lyon (@cocarde_lyon) 20 avril 2022
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Enfin, l’Université de Lyon 3 est-elle un exemple si particulier en France ? “Non, ce qui se passe là-bas n’est pas un cas isolé”, a déclaré Imane Welhaj, présidente de l’UNEF. Les étiquettes et le harcèlement se multiplient à travers le pays, même dans les facultés connues de gauche. On s’inquiète pour la sécurité des étudiants quand on voit émerger ces associations qui veulent, comme on dit, « épurer les temples de la gauche islamique ». Déjà dans l’actualité ce mardi en raison de l’annulation du bal légal pour cause d’étudiants mis à l’index, l’université Lyon 3 connaît une source de polémique.
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