France

Face au duel Macron-Le Pen, la tentation de s’abstenir des enseignants

« Il a décidé de se passer de nous ! Elodie, professeur de français à l’Académie de Crète, est persuadée qu’Emmanuel Macron ne cherche pas à rallier les suffrages des 869 000 enseignants de l’éducation nationale. Elle a qualifié le candidat à la présidentielle d’« arrogant » et de « négligent » son métier. “Il laisse toujours entendre que nous sommes paresseux, alors que dans la première retenue, je travaillais de 6 à 23 heures tous les jours”, s’indigne-t-elle, reprenant une phrase du candidat lors de la présentation de son programme le 17 mars – “vous avez des professeurs qui pendant “Covid était là, ils se sont occupés de vos enfants, et puis il y a des enseignants qui existaient aussi, qui ont disparu”, a-t-il déclaré.

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La quadragénaire, qui a témoigné de manière anonyme, comme tous les professeurs de réserve cités dans l’article, a tranché : elle s’abstiendra au second tour de l’élection présidentielle du 24 avril. “Je suis un agent de l’État, je dois agir de manière civile. “Je ne suis pas téméraire, mais je veux montrer que je ne veux pas du duel qu’ils nous proposent et de la politique ultralibérale qui va suivre”, a-t-elle déclaré. Il était hors de question pour elle de regarder le débat mercredi soir. Elodie a préféré préparer ses cours, avec de la musique dans ses écouteurs, “pour ne pas les entendre” pendant que son mari regardait la télé.

Combien d’enseignants feront le même choix qu’Elodie ? S’ils se rendent généralement volontiers aux urnes, le vote n’est plus une évidence pour les plus politisés par ce second duel Macron-Le Pen. “L’irritation et la fatigue, tant professionnelles que démocratiques, passent par le corps scolaire”, a déclaré Catherine Nave-Behti, secrétaire générale du SGEN-CFDT.

Laurent Freirman de l’Observatoire FSU a relevé la “grande instabilité” de l’électorat enseignant après l’éclatement du Parti socialiste et a estimé que le vote utile pour Jean-Luc Melanchon aurait dû avoir lieu en intégralité lors du premier tour le 10 avril. Cependant, les professeurs sont plus divisés qu’il n’y paraît. Lors de la neuvième vague de l’enquête Ipsos-Sopra Steria, en partenariat avec le Cevipof et la Fondation Jean Jaurès pour Le Monde du 5 avril dernier disponible à ce jour sur le vote des enseignants, Jean-Luc Melenchon a recueilli 25% des suffrages. tour, Emmanuel Macron 26% et Marine Le Pen 10%, sur un échantillon de 714 enseignants représentatifs.

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