L’affaire, révélée par La Presse, a déclenché une nouvelle manifestation jeudi. Plusieurs acteurs politiques et économiques ont d’ailleurs jugé la situation inacceptable et l’ont comparée au monolinguisme du président et chef de la direction d’Air Canada Michael Rousseau, qui a prononcé un discours en anglais seulement l’an dernier à Montréal.
Le Premier ministre Justin Trudeau, en premier lieu, s’est dit jeudi après-midi, étonné que le CN n’ait pas vu ce qui s’est passé chez Air Canada et en ait tiré la leçon évidente à en tirer. Je comprends à quel point les gens sont déçus; moi aussi, dit-il.
Les Canadiens francophones de partout au pays devraient se refléter dans nos principales institutions nationales, a déclaré le premier ministre. Il a dit avoir demandé aux ministres responsables de s’assurer que le CN travaillait rapidement pour rectifier la situation.
À cet égard, les ministres Omar Algabra (Transports) et Jinet Petitpas Taylor (Langues officielles) ont rappelé dans des déclarations quasi identiques que le Canadien National CN est assujetti à la Loi sur les langues officielles et attend de ses dirigeants qu’ils donnent l’exemple et prêchent par l’exemple.
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Selon le chef du Bloc Yves-François Blanche, l’affaire s’inscrit non seulement dans la lignée du monolinguisme du président-directeur général d’Air Canada, mais aussi celles liées à la nomination d’un gouverneur général et d’un lieutenant-gouverneur au Nouveau-Brunswick. parle français.
C’est une culture typiquement canadienne, ce qui fait que le français est plus souvent un irritant qu’un désir sincère de la part des administrateurs, dit-il.
Malheureusement, cette situation se reproduira tant qu’Ottawa refusera de laisser le champ libre au Québec dans sa volonté d’assujettir les entreprises fédérales à la loi 101, a ajouté son porte-parole de la langue officielle Mario Bollo dans un communiqué.
Pour sa part, le chef adjoint du Parti conservateur du Canada, Luke Berthold, a déclaré que cette affaire démontrait le manque de sensibilité du Canadien National CN et, surtout, son manque de respect envers le peuple québécois.
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Message la semaine prochaine ?
Le Premier ministre québécois François Lego, de passage sur la Riviera du Lou, a qualifié la situation d’inacceptable. Nous avons parlé avec la direction du Canadien National CN et la semaine prochaine, il y aura une assemblée annuelle des actionnaires et ils annonceront qu’ils nommeront quelqu’un du Québec et de la France, a-t-il dit.
Interrogé à ce sujet par Radio-Canada, le transporteur ferroviaire a refusé de confirmer cette information et s’est contenté d’assurer que l’absence d’administrateurs francophones serait permise l’an prochain.
Deux des administrateurs siégeant actuellement au conseil d’administration termineront leur mandat dans les prochains mois et nous rectifierons la situation, a indiqué un communiqué écrit du Canadien National CN, ajoutant que le conseil d’administration est bien conscient des problèmes.
L’actionnaire minoritaire de la compagnie ferroviaire Caisse dépôt et placement du Québec (CDPQ) fait partie de ceux qui espèrent que la situation sera corrigée.
Le fait que parmi les 11 administrateurs du Canadien National CN, il n’y en ait pas un qui soit francophone et québécois, dans une entreprise basée à Montréal, qui est bien implantée à Montréal, nous trouvons cela extrêmement inacceptable, a déclaré son porte-parole Maxim Shannon. en entrevue avec Radio Canada.
C’est ma faute, dit Jean Charest
L’ancien premier ministre du Québec, Jean Charest, était censé être un porte-parole francophone du CN, mais il a quitté le conseil le mois dernier pour se présenter au Parti conservateur du Canada.
C’est de ma faute, a-t-il admis jeudi dans une interview à Tout un matin sur ICI Première. J’avais été recruté, mais ensuite est venue la course à la chefferie, donc pour être honnête, ils ont été surpris d’être justes envers eux.
Selon lui, le Canadien National CN respecte tous ses engagements en matière de langues officielles et ce qui se passe n’est rien de moins qu’une pitoyable coïncidence. C’est une grande entreprise, très dévouée à la langue française, qui a une bonne présence à Montréal, a-t-il appelé jeudi.
Fait rarissime, le CN national canadien était déjà contesté l’automne dernier par le gouvernement du Québec après l’embauche de la présidente monolingue anglophone Tracy Robinson. Elle a ensuite accepté de prendre des cours de français.
Sensation de déjà-vu
L’absence de francophones au conseil d’administration du Canadien NationalCN n’est pas nouvelle. Dès 1962, l’ancien président des chemins de fer Donald Gordon créait la polémique en disant : Tant que je serai président du Canadien National, personne ne sera nommé vice-président du Canadien National CN parce qu’il est Canadien français.
Soixante ans plus tard, ce nouvel épisode linguistique met le gouvernement Trudeau en difficulté. Car la Loi sur les langues officielles – et sa nouvelle version proposée dans le projet de loi C-13 de la ministre Petitpas Taylor – ne prévoit pas la composition des conseils d’administration.
Interrogé à ce sujet jeudi, le premier ministre Trudeau a évité de dire s’il pensait que le C-13 devait être amendé à cet égard.
La Loi sur les langues officielles du Canada oblige les organismes fédéraux à fournir des services en anglais ou en français uniquement sur demande.
Toutefois, le Commissariat aux langues officielles a indiqué avoir reçu jeudi une plainte contre le conseil d’administration du Canadien National CN. Nous sommes en train d’analyser son admissibilité, informe Radio Canada Alexander T. Gingras, conseiller en communication.
Avec les informations de Lawrence Martin et Christian Noel
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