La salle d’audience du tribunal spécial du tribunal de Paris, le 22 avril 2022. SERGIO AQUINDO POUR “LE MONDE”
On attend beaucoup des experts psychiatres et psychologues qui comparaissent à la barre du procès. Pas nécessaire. « Une expertise psychiatrique ou psychologique ne peut qu’être décevante » : Daniel Zaguri, trente-cinq ans d’expertise psychiatrique devant le tribunal. Une performance qui n’a pas du tout déçu.
Indispensables dans les procédures judiciaires, ces examens sont destinés à dépister des troubles mentaux chez l’accusé et doivent permettre d’établir s’ils ont entraîné le retrait ou le changement de sa reconnaissance au moment des faits – dans ce cas ce n’est pas le cas pour aucun des quatorze accusés du procès du 13 novembre n’a été poursuivi.
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Mais on attend souvent plus de ces rapports d’expertise : on espère obtenir des clés de compréhension de la psyché de l’accusé que l’audience ne fournirait pas. Certes, on en ressort souvent perplexe, voire déçu. Pendant trois jours, du mercredi 20 avril au vendredi 22 avril, neuf experts psychiatres et psychologues ont défilé devant un tribunal de jugement spécialement convoqué à Paris. Parfois c’était brillant, parfois c’était horrible.
Daniel Zaguri et Bernard Ballivet ont réalisé l’examen psychiatrique de Salah Abdeslam. Ils ont témoigné devant le Tribunal spécial de Paris, le 20 avril 2022. SERGIO AQUINDO POUR LE “MONDE”
La lumière a donc été la présentation subtile de l’examen psychiatrique de Salah Abdeslam, un moment mémorable au tribunal, deux heures passées à naviguer avec les docteurs Daniel Zaguri et Bernard Ballivet dans les méandres du cerveau tourmenté de l’accusé numéro un, deux heures à définir son “vacillante” entre la posture du combattant de l’Etat Islamique et celle du garçon émotif de Molenbeek (Belgique) – enfin qui est Salah Abdeslam.
Conclusions finales
Les présentations sur les autres prévenus étaient, hélas, d’une qualité plus aléatoire et ne nous ont pas permis, sauf très précisément, d’en savoir plus que ce que les sept mois d’audience nous ont donné à voir. Mais comment pourrait-il en être autrement ? Les avis d’experts sur ce processus ont consisté en un entretien avec l’accusé, d’une durée maximum d’une heure ou deux, en garde à vue, quatre, cinq ou six ans avant le procès, à l’exception de Salah Abdeslam, qui a eu lieu en novembre 2021. peut permettre de déterminer la présence ou l’absence de pathologie mentale, mais pas d’aller plus loin.
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