La scène se déroule le dimanche 8 mai, place de la Réunion, dans le 20e arrondissement de Paris. Lamia El Aarahe, ancienne députée socialiste qui veut retrouver son siège, traverse le quartier avec Lionel Jospin depuis près d’une heure lorsqu’elle croise Daniel Simonet, son rival de La France insoumise (LFI). Selon l’accord national conclu entre les formations de gauche, c’est ce loyaliste de Jean-Luc Melanchon qui doit représenter la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes).
Seulement voilà, dans cette circonscription qu’ils contrôlent depuis longtemps, les socialistes n’acceptent pas l’appellation “rebelle” et soutiennent la candidature de Lamia El Aaraj. Daniel Simonet met ses interlocuteurs à l’épreuve : “Lionel, Lamia, il y a un accord”, supplie-t-elle. “Je serai à côté de Lamia”, a répondu l’ancien Premier ministre. « Mais la dissidence, à quoi bon Macron ? demande Daniel Simonet. “Dans ce cas, ce ne sera pas un dissident, mais une candidature légitime”, a répondu le socialiste. Il va à ses côtés.
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Deux candidats à gauche, là où il ne devrait y en avoir qu’un. Des socialistes menacent LFI d’une candidature dissidente. C’est sans doute là, sur cette petite place d’un quartier populaire, que se lit le mieux l’actualité de l’élection présidentielle à Paris. Dans la capitale, Anne Hidalgo a longtemps été un maître du jeu à gauche. Les socialistes dominaient leur camp, et rien ne bougeait sans le feu vert du maire. Après son résultat désastreux au premier tour – 1,75 % sur l’ensemble de la France, seulement mieux (2,17 %) à Paris -, elle a perdu le contrôle.
Dans sa propre ville, elle n’arrive plus à imposer sa ligne politique ni ses candidats. Après avoir supplié Jean-Luc Melenchon de revenir sur sa décision sur la 20e pour ouvrir la voie à Lamia El Aarahe, les socialistes en sont réduits à attendre le verdict du nouvel homme fort de la gauche. Du côté de LFI, au contraire, on se réjouit : “A Paris, ce n’est pas impossible de gagner plusieurs circonscriptions au premier tour”, ont déclaré ses militants.
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La transaction ne peut pas être bloquée
Pourtant, Anne Hidalgo l’avait pris longtemps à l’avance. Dès le 9 décembre 2021, les sections parisiennes du Parti socialiste (PS) ont désigné leurs candidats aux élections législatives. La liste comprend de nombreux proches d’Anne Hidalgo, dont six de ses assistants. Le résultat désastreux de l’élection présidentielle viole ce plan. Avant même le second tour, le maire de Paris comprend que pour avoir une chance de succès aux législatives, il devra faire de la place aux autres partis de gauche. Il envisage alors un accord local avec ses alliés traditionnels, écologistes et communistes, et entame des manœuvres d’approche. Sans succès. “Les élections législatives sont nationales, nous devons donc négocier au niveau national”, ont-ils déclaré tous les deux. Le projet d’accord de Paris, qui exclut la LFI, a été abandonné.
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