France

les adieux de Christian Jacob, général d’une armée épuisée

Christian Jacob s’adresse aux journalistes dans la cour d’honneur du Palais-Bourbon à Paris, le 22 juin 2022. JULIEN MUGUET POUR LE MONDE

Jeudi 2 décembre 2021, les résultats du vote commencent à circuler sur les téléphones de tout le monde. Le trio à la tête des Républicains (LR) pénètre dans la grande salle du deuxième étage de la rue de Vaugirard, siège du parti. Visages fermés, lèvres serrées, Annie Geneverde et Aurélien Pradier entourent leur président Christian Jacob, qui annonce les finalistes du premier tour du congrès organisé par LR pour sélectionner un candidat à la présidentielle. Les militants ont élu le député des Alpes-Maritimes Eric Ciotti et la présidente régionale Ile-de-France Valérie Pecres, qui seront finalement nommés le 4 décembre. Avant de s’effondrer quelques mois plus tard au premier tour de l’élection présidentielle (4,8 %).

Ce n’est un secret pour personne que Christian Jacob ne voulait pas que cela soit réservé aux membres en premier lieu. Puis, alors que le procès devenait inévitable, l’ancien député de Seine-et-Marne était persuadé que le meilleur candidat pour mener le parti au pouvoir serait Xavier Bertrand, le président de la région Hauts-de-France. Cela ne s’est pas produit. De cette double déception M. Jacob fit bon cœur contre malchance, mettant le parti au service du candidat. “Le Congrès n’a pas été la meilleure décision, mais la moins mauvaise”, confiait-il au Monde quelques mois plus tard, à l’issue de son mandat à la tête de LR, qu’il a quitté vendredi soir 1er juillet.

“La puissance de rebond est là”

Chirac est comme ça. A chaque déception, à chaque échec, il réussit à le tromper. Le camouflet présidentiel ? Ce n’est pas la catastrophe de la droite, l’étau entre la Macronie et le Rassemblement national était tout simplement impossible à desserrer. Un groupe de députés très réduit à l’Assemblée nationale ? Presque un succès car le LR aurait pu être pulvérisé et est désormais au centre du Palais-Bourbon grâce à la majorité relative d’Emmanuel Macron. « Il y a 15 ans, nous avions 300 députés ; il y a dix ans, c’était 200; il y a cinq ans, nous étions 100 ; et nous voilà 60. Je me demande si c’est vraiment une dynamique de victoire…”, s’inquiète cependant le sénateur de Paris Pierre Sharon.

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“J’ai participé à l’échec de la présidentielle, ça n’efface pas le reste. La puissance du rebond est là, et elle est à l’Assemblée nationale”, répond le chef du parti. Le mantra de M. Jacob : « Le droit est de retour. Le pense-t-il vraiment ? Certains cadres notent qu’il termine toujours ses phrases en riant, comme s’il cachait ses vrais sentiments. Force pour certains.

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