Elizabeth Bourne serre la main d’Arlette Testailer, victime de l’interpellation du Vél d’Hiv, à Paris, dimanche 17 juillet 2022. GEOFROY VAN DER HASSELT / AFP
“C’était il y a 80 ans et pourtant ici les échos de l’horreur résonnent encore”: la Première ministre Elizabeth Bourne participe aux commémorations du 80e anniversaire du crime du Vel d’Hive à Paris, dimanche 17 juillet, avant le discours attendu d’Emmanuel Macron de Gare de Pithiviers (Loire), en milieu d’après-midi.
Sur le site de l’ancien vélodrome, “la France a livré plus de 13 000 personnes à la torture, à la haine, à la mort”, a rappelé Mme Bourne aux membres des instances représentatives de la communauté juive de France et aux victimes de l’arrestation. “Ce sont vraiment nos lois (…), vraiment notre police” qui ont organisé et réalisé la reddition d’hommes, de femmes et d’enfants juifs à l’occupant allemand, a-t-elle insisté, rappelant à travers ce raid “la transition d’une France qui protège à une France qui se trahit ».
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“Notre pays a eu et doit faire face à son histoire”, a également affirmé la fille de Joseph Born, juif et résistant arrêté par la Gestapo puis déporté à Bunchenwald. “Ce n’est pas patriotique de déchirer les pages de l’histoire qui nous dérangent, de les cacher ou de les minimiser”, a déclaré Mme Bourne sous les applaudissements du public.
Emmanuel Macron doit dénoncer le “révisionnisme historique”
Emmanuel Macron, depuis un nouveau site de mémoire à l’ancienne gare de Pitiviers d’où partaient huit convois pour le camp de la mort d’Auschwitz-Birkenau, doit aussi dénoncer dimanche le “révisionnisme historique”, notamment au sujet du rôle du maréchal Pétain pendant la Seconde mondiale. guerre, selon un conseiller de l’Elysée cité par l’Agence France-Presse. A partir de 15h30, le chef de l’Etat prononcera un “discours offensant” contre l’antisémitisme, qui “guette encore et parfois insidieusement”, ce qui est “très inquiétant”, a précisé la même source.
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Accompagné de plusieurs personnalités, dont l’historien Serge Klarsfeld et la rescapée du camp Ginette Kolinka, Emmanuel Macron est attendu à la petite gare du Loiret, à une centaine de kilomètres au sud de Paris, qui ne reçoit plus de voyageurs depuis la fin des années 1960 et qu’elle vient d’être reconvertie en un musée près du Mémorial de la Shoah.
C’est par cette gare que transitent une partie des 13 000 juifs – dont 4 115 enfants – arrêtés à Paris et en banlieue le 16 juillet 1942 et les jours suivants par 9 000 fonctionnaires français. Plus de 8 000 d’entre eux, dont des personnes âgées et des malades, ont été conduits au stade Vélodrome d’Iver dans le 15e arrondissement de Paris. Avant d’être évacué vers les camps de Drancy (Seine-Saint-Denis), Pithiviers et Beaune-la-Rolande (Loiret).
De la seule gare de Pithiviers, huit convois partent ensuite vers les camps d’extermination, représentant plus de 8 000 déportés, ce qui en fait le deuxième site de déportation de France après Drancy. Seuls quelques dizaines d’adultes survivront.
La Première ministre Elizabeth Bourne arrive à la cérémonie de commémoration du 80e anniversaire de l’arrestation du Vel d’Hive à Paris le dimanche 17 juillet. GEOFFROI VAN DER HASSELT / AFP
Dans son allocution, qui a duré une vingtaine de minutes, Emmanuel Macron doit confirmer que “le combat continue” contre l’antisémitisme, en suivant “la voie que le président Chirac a tracée”. Après cinquante ans de silence des autorités françaises, Jacques Chirac a reconnu en 1995 la responsabilité de la France dans le crime du Vel d’Hive dans un discours mémorable. “Ce jour-là, la France a réalisé l’irréparable”, a-t-il commencé.
En juillet 2012, François Hollande est allé plus loin en déclarant que “ce crime a été commis en France, par la France”. Puis en 2017, Emmanuel Macron réaffirme, à l’occasion du 75e anniversaire de la persécution, la responsabilité de la France et lance un appel contre l’antisémitisme en présence du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Mais aujourd’hui, “la société française n’en a pas fini avec l’antisémitisme”, souligne l’Elysée, soulignant également la “banalisation des débats” entourant le régime de Vichy. Le candidat d’extrême droite à la présidentielle Eric Zemmour (Reconquête !) affirme notamment que le maréchal Pétain a “sauvé” des juifs français pendant la Seconde Guerre mondiale. Des élus du Rassemblement national ont également été invités à Pitiviers, dans la tradition républicaine, ont décrit en détail le Palais de l’Elysée, sans préciser s’ils y assisteraient.
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Le monde avec l’AFP
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