France

Emmanuel Macron dit vouloir “continuer sur ce dossier”

Emmanuel Macron, le président sortant, lors d’une visite au Havre, le 14 avril 2022. THOMAS COEX / AFP

Il veut “passer” à l’individualisation des prestations d’invalidité (AAH). Emmanuel Macron a exprimé vendredi 15 avril sa volonté de faire évoluer le calcul de cette aide – qui prend aujourd’hui en compte les revenus de son mari -, une évolution inattendue que son gouvernement et sa majorité ont rejetée à plusieurs reprises en 2021.

“Il faut continuer sur ce dossier”, a convenu la candidate à la présidentielle de franceinfo, répondant à Lucy Carasco, une voyageuse du monde en situation de handicap, qui a expliqué qu’elle perdrait son argent – et donc son indépendance financière – en se mariant.

Actuellement en France, quelle que soit la prestation (…), nous regardons votre état civil et donc la capacité contributive du couple. C’est vrai que cela crée une situation anormale pour les personnes handicapées, donc on va bouger ça”, a-t-il dit. Alors que le journaliste de franceinfo lui a fait remarquer que cette proposition ne figurait pas dans son programme, le chef de l’Etat a évoqué la possibilité “d’avoir un revenu qui ne soit pas conditionnel et qui permette un soutien, mais qui ne le soit pas”. absurde “.

Créée en 1975, l’AAH a pour objectif de compenser l’incapacité de travail. Avec un montant maximum de 904 euros par mois, elle est versée selon des critères médicaux et sociaux. Elle compte aujourd’hui plus de 1,2 million de bénéficiaires, dont 270 000 en binôme.

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“On aimerait y croire”

Le Collectif Handicaps, qui regroupe une cinquantaine d’associations, s’est félicité vendredi de l’annonce du candidat, tout en choisissant de rester prudent en attendant des précisions sur les conditions particulières de cette évolution. « Deux ans d’opposition du gouvernement, contre tous les partis politiques », puis « ouverture à dix jours du second tour » : « on aimerait y croire. Mais une réponse plus claire qu’Emmanuel Macron (…) serait intéressante”, a commenté l’équipe sur Twitter.

“La bonne nouvelle, c’est que le président ne semble plus être obsédé par ça”, a déclaré à l’AFP Stéphane Lenoir, le coordinateur de l’équipe. “Mais nous restons prudents car sa déclaration est très vague”, a-t-il ajouté.

Marin Le Pen, la candidate du Rassemblement national qui affrontera le président sortant au second tour, a critiqué la récente évolution de sa rivale sur la question. «La déconjugaison de AHH [sic] est une mesure que j’ai toujours défendue au parlement”, a-t-elle écrit sur Twitter. “Nos compatriotes handicapés pourraient déjà en bénéficier si E. Macron ne l’avait pas refusé. “Président, je tiendrai parole et je voterai pour cette mesure de justice sociale”, a promis le leader d’extrême droite.

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Séance orageuse

En octobre 2021, la majorité avait rejeté l’individualisation de l’AAH pour les couples après un débat houleux, tandis que des Républicains (LR) à La France insoumise, l’opposition réclamait à l’unanimité cette “déconjugaison” de l’allocation. La République en marche juge cette mesure injuste, car elle profite aussi bien aux humbles qu’aux riches sans distinction. “Nous assumons le fait que nous donnons plus à ceux qui en ont vraiment besoin”, a déclaré Sophie Cluzel, secrétaire d’État aux personnes handicapées.

Ce sujet avait également déclenché une séance houleuse à l’Hémicycle en juin, suite au rejet d’une proposition du député LR Aurélien Pradié. En particulier, des cartons rouges ont été agités par des députés de l’opposition pour protester contre le gouvernement.

L’an dernier, vingt-deux organismes et associations, dont l’APF France Handicap, appelaient M. Macron à une “réforme historique” pour “considérer cette allocation avant tout comme un revenu individuel de subsistance”.

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