France

A Marseille, Emmanuel Macron cherche un “effet waouh” sur l’environnement

A Marseille (Bouches du Rhône)

Le meeting d’Emmanuel Macron à Marseille, tant annoncé et reporté avant le premier tour en raison de la guerre en Ukraine, a finalement eu lieu ce samedi, à une semaine du second tour de l’élection présidentielle. Le dispositif n’avait rien à voir avec le meeting géant de Paris La Défense Arena le 2 avril dernier. Le candidat à la présidentielle était cette fois en plein air, dans le jardin du Palais du Pharo. A la carte : le cadre spectaculaire de la ville de Marseille, baignée de soleil en ce week-end de Pâques. La foule n’avait rien à voir non plus avec les 30 000 personnes de Nanterre. Quand Emmanuel Macron s’est exprimé peu avant 15h30, le jardin n’était clairement pas plein. Les organisateurs annonçaient 4 200 personnes, c’était un peu difficile à croire. Alors que La République en Marche a retiré plusieurs centaines de militants d’un TGV spécialement engagé, la tâche a été assez difficile.

En substance, Emmanuel Macron a poursuivi la stratégie qu’il mène depuis le premier tour : cibler ce tiers des suffrages recueillis par l’un des candidats de gauche le 10 avril. Il cite à nouveau Jean Jores (« En allant vers la mer, le fleuve reste fidèle à sa source »). Cette fois, il s’est beaucoup concentré sur la politique environnementale : « La politique que je poursuivrai au cours des cinq prochaines années sera environnementale ou non environnementale. Je veux mettre l’écologie au cœur du nouveau paradigme politique.» C’est pourquoi, comme à La Défense il y a deux semaines, il a embrassé des slogans de gauche comme s’il n’était pas touché. Cette fois, Emmanuel Macron a utilisé à deux reprises l’expression « avenir commun »… du nom du programme de Jean-Luc Melanchon, troisième du premier tour avec près de 22 %.

Une grande explosion gouvernementale

L’ombre du député marseillais planait sur Faro cet après-midi. Car Emmanuel Macron semble s’attaquer à la “planification environnementale”, chère à Jean-Luc Melanchon depuis plusieurs années. Sans doute les deux hommes ne mettent-ils pas les mêmes choses derrière cette expression, mais le symbole est là. Message principal : refonte de l’architecture de l’État. Ainsi, le premier ministre sera “directement responsable de la planification environnementale” et “épaulé par deux ministres forts”. ministre de la Planification énergétique, dont “la mission sera de faire de la France la première grande nation à sortir du gaz, du charbon et du pétrole”. Et un ministre en charge de “l’aménagement du territoire environnemental” qui devra travailler avec les collectivités pour se coordonner avec les collectivités. Il devra avoir une “stratégie de redéveloppement de nos territoires, comme nous ne l’avons pas fait après Freisine”, qui souhaitait voir une gare dans chaque chef-lieu du pays.

Ce n’est rien : rappelons qu’en 2007, dans le Pacte pour l’environnement, auquel Nicolas Hulot comptait presque tous les candidats à la présidentielle de l’époque, il réclamait la création d’un vice-Premier ministre chargé du développement durable. Ou un ministre au sommet de la hiérarchie gouvernementale pour avoir un poids politique dans les arbitrages. Emmanuel Macron veut en effet lutter contre l’idée qu’à Matignon tout est toujours bloqué sur les questions environnementales. Mais cette question d’ingénierie gouvernementale suffira-t-elle à mobiliser la « génération climat » et les électeurs qui ont voté la « règle verte » avec Jean-Luc Mélenchon en son nom ?

De grandes ambitions, peu d’engagements

Car dans le reste, même si le président affiche parfois de grandes ambitions (“je veux construire complètement”), peu de nouveautés. Peu ou pas de communications significatives et surtout presque jamais d’engagements quantitatifs. Emmanuel Macron a bien sûr défendu son bilan : fin du projet d’aéroport à Notre Dame de Terre, fin du projet d’agrandissement de l’aéroport Charles de Gaulle, suspension de Montagne d’or en Guyane… « Qui a arrêté ces projets ? C’est nous! Il a aussi rappelé que sur les cinq dernières années, la France a réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 12%… Oubliant que la très forte baisse d’activité pendant les restrictions a beaucoup aidé. “L’inaction, pas chez nous !”, Emmanuel Macron, cependant, a osé condamner la condamnation par l’État de l’inaction climatique pour ne pas avoir respecté ses engagements internationaux sur la question.

La philosophie environnementale du président sortant reste vraiment loin de celle de Mélenchon ou de Jado. L’écologie macroniste sera un stimulant : « Réussir la bataille pour le climat, sans consignes, sans fausses leçons, mais clarté dans les objectifs. L’écologie macroniste est pro-nucléaire : “Entre le gaz et le charbon, d’un côté, et le nucléaire, de l’autre, je choisis le nucléaire. “Même alors, l’écologie macroniste est favorable à la croissance et, comme en 2017, s’appuie sur une certaine solvabilité technologique : “L’écologie ne consiste pas à fermer vos emplois ou vos usines. (…) Grâce à l’innovation, nous pouvons produire plus, mais en respectant l’environnement. »

A priori, doit-il vraiment convaincre sur le sujet dans le cadre du second tour face à Marine Le Pen ? Le candidat du Rassemblement national s’identifie si peu au sujet, le contraste joue à plein. C’est pourquoi Emmanuel Macron s’amuse à qualifier le “candidat d’extrême droite” d'”incompétent” sur les questions environnementales. Pour une candidate à la présidentielle, elle est même “climato-sceptique”. Sur ce dossier, comme sur les autres, le candidat dénonce le relativisme ambiant envers son adversaire : Il a dit en haussant la voix. Ainsi, Emmanuel Macron a organisé un second tour du référendum de l’élection présidentielle : « Pour ou contre notre jeunesse ? Pour ou contre la république ? » « Alors, pour ou contre l’environnement ? »