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décors, plans de découpage… En quoi le débat entre les deux tours à partir de 2017 sera-t-il différent ?

Diffusé en direct ce mercredi sur TF1 et F2, le débat entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen s’annonce savant, dans une ambiance minimaliste. Avec un écart entre les deux candidats, moindre qu’en 2017.

Match revanche. Diffusé en direct ce mercredi à 21 heures du studio Lendit 5 à La Plaine-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), le débat d’entre-deux tours entre Emmanuel Macron et Marin Le Pen sera animé par le journaliste politique français 2 , Léa Salame et par le patron du 20 heures de TF 1, Gilles Boulo.

“C’est le débat ‘Retour’, ça me fait penser à Rocky”, a confié le réalisateur de la soirée, Didier Frowley, au micro de la Ligne rouge, dans le format long diffusé ce lundi soir sur BFMTV. “Il y a de l’envie, de l’excitation, de la peur, tout y est ! Toutes les émotions bouillonnent dans la casserole”, a décrit l’abécédaire de 2017 et le travailleur du débat à gauche et à droite.

Selon les dernières enquêtes d’opinion recensées dans notre Élyséemètre BFMTV, l’écart s’annonce moins important qu’en 2017 entre les deux candidats d’Elise : 53 % pour la présidente sortante contre 47 % pour le candidat RN. Dans ce contexte, le débat entre les deux tours est particulièrement important. Il y a cinq ans, Marin Le Pen perdait 3 points dans les sondages après sa douloureuse prestation.

Cette fois, encore plus qu’à l’accoutumée, la priorité est donnée au fond, pas à la forme, dans une ambiance volontairement minimaliste. “Quand l’enveloppe est serrée”, a-t-il dit Ouest de la France le directeur de l’information du groupe TF1, Thierry Tulier, “les téléspectateurs se concentrent sur l’essentiel”.

Chacun à sa place dans un cadre différent

Ils seront quatre sur le plateau. Marin Le Pen et Emmanuel Macron, Léa Salame et Gilles Boulot. Mais cette fois, contrairement à 2017, pas de grand tableau avec les 4 protagonistes. Bien sûr, Le Pen et Macron s’affronteront, mais les candidats et les journalistes siégeront séparément. “Chacun derrière son petit bureau”, précise Didier Frowley.

Ils pourront y poser leurs cartes ou fichiers et regarder le compte à rebours en temps réel, et une tablette sur chaque bureau leur permettra de poser leur verre d’eau, en évitant le moindre bruit parasite, a-t-il précisé. Le Parisien. Deux et cinquante mètres sépareront les deux candidats, et quatre mètres les sépareront des journalistes.

Derrière eux se trouvera un écran géant avec une haute résolution, 3,7 m de haut et 30,5 m de large (le plateau 2021 des Victoires de la Musique et des NRJ Music Awards).

Comme en 2017, une reconstruction figurative du Palais de l’Elysée avec la cour et deux bâtiments neutres sur le côté était prévue. Mais cette histoire n’a pas été confirmée par l’entourage des candidats, apprend-on Le Parisien. Trois autres suggestions leur ont été faites, avec deux couleurs de base : le bleu et le beige champagne. Ce qui joue fortement sur le choix des tenues candidates.

“Nous sommes dans l’arène”

Le dispositif de la caméra est inversé par rapport au débat précédent. De cette façon, les caméras sont braquées sur les deux candidats, tant que les journalistes n’interviennent pas. 16 caméras ont été mobilisées sur le plateau – 3 de plus qu’en 2017 – dont une grue de 12 mètres et un cadre de repérage. Cet appareil permettra de fournir des plans larges, moyens et étroits des deux candidats. En cas de problème, sept autres caméras seront disponibles.

Le débat est considéré comme une “arène”, a déclaré Didier Frowley à BFMTV. “A l’intérieur, il nous reste les deux gladiateurs. Et dans la loge principale, on retrouve les deux journalistes qui font des rappels, déposent les sujets touchés, etc. Ça ira mieux”, a expliqué le réalisateur.

Qui aura raison ? Qui sera à gauche ? La désignation des deux candidats se fera par tirage au sort à Arcom la veille. Deux autres tirages sont prévus : l’un pour déterminer lequel des deux parlera en premier, l’autre pour répartir les cases, sensiblement de même taille. “Il y a égalité pour tous les débats politiques. Tous les duels sont soumis à ces règles d’arbitrage assez simples, comme dans tout match, souligne-t-il. Ouest de la France Laurent Gimier, directeur de l’information de France Télévisions.

Contrainte des plans de coupe

Autre changement : les coupes. Les organisateurs de débats et les équipes de campagne se réunissent en amont pour mieux gérer les rubriques qui montrent un candidat quand l’autre prend la parole. Seuls ceux qui ressemblent au candidat regardant son adversaire seront admis.

Le RN avait insisté sur cette disposition après le débat en 2017. Il y a cinq ans sur TF1, des coupures de presse du discours d’Emmanuel Macron ne montraient pas Marine Le Pen en sa faveur. Les téléspectateurs ont notamment pu le voir perdu dans ses dossiers.

“Je ferai comme en cuisine : légère et sans épices”, s’amuse le réalisateur Didier Froli sur notre antenne, “c’est-à-dire que quand il y a quelqu’un qui parle, je reste avec lui (…) Les plans de découpage seront éparpillé. Aucune réaction ne sera sollicitée. Ce sera de temps en temps. Car nous sommes là pour souligner le background que chaque candidat exprime.

Ces plans de coupe seront pris en compte. Et il y aura tellement de candidats.

La tutelle règne au gouvernement

Autour du réalisateur, deux représentants des candidats examineront avec attention les images du débat sous contrôle. Ceci afin d’assurer l’égalité de traitement de leur poulain. En 2017, l’ambiance, glaciale, a failli dégénérer au fil de ces fameux plans de coupe. Cette année, l’ancien journaliste de LCI est passé au RN, Philip Ballard, qui joue le rôle de conseiller-réalisateur de Marin Le Pen. Après sa présentation en 2017, RN a choisi de ne pas renouveler son expérience avec le réalisateur Tristan Carne (cérémonie des Césars 2021)

Du côté d’Emmanuel Macron, le réalisateur Jérôme Revon a été choisi pour être responsable. Ce dernier s’est déjà illustré dans la réalisation de la rencontre de Macron à La Défense Arena et celle de Marseille samedi.

Ce débat promet d’être appris pour voir s’il convaincra les Français de le regarder. En 2017, 16,4 millions de téléspectateurs ont regardé le débat entre les deux tours. Soit le pire public de la Ve République pour un tel débat.