France

Les experts sont très critiques sur le projet de 3ème connexion

Même à plus petite échelle et à moindre coût, la troisième liaison n’est pas un projet pertinent pour la région et ne contribuera pas à réduire la congestion entre les deux rives, estiment les experts.

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Le journal a consulté plusieurs experts pour leur analyse de la nouvelle version du troisième lien, présentée jeudi par le ministre des Transports François Bonardel. Loin d’être convaincus, ils ont déclaré que la nouvelle version était “de la même chose”.

“Copiez-collez. Un projet d’autoroute de réduction de la congestion ne peut pas fonctionner. Point”, a déclaré Jean Dubet, économiste et professeur titulaire à l’Université Laval.

Marie-Ellen Vandersmissen, directrice du Département de géographie de l’Université Laval, confirme que des recherches récentes le démontrent. “Ajouter de la capacité routière ne réduit pas la congestion. La vitesse de déplacement augmente au début, mais du fait de cette facilité de déplacement, les automobilistes affluent et nous retournons rapidement dans un embouteillage.

Moins de transports en commun

M. Dubet a également noté que “la place des transports en commun semble moins importante dans cette proposition que dans la précédente” et s’est émerveillé du succès de la demande de financement d’Ottawa. Le ministre Duclos a également rappelé jeudi qu’Ottawa ne finance plus de nouveaux projets autoroutiers.

Fanny Tremblay-Rasicot de l’ÉNAP rappelle que l’amélioration du transport collectif ne passe pas par l’ajout de telles infrastructures. “En outre, l’augmentation de la capacité routière sera en concurrence directe avec cette nouvelle proposition de transport public.”

Selon elle, ces investissements « titanesques » « peuvent être mieux investis, par exemple dans l’entretien des ponts existants, dans l’amélioration de Québec-Lewis et dans la stratégie ferroviaire provinciale ».

La croissance des villes

Les experts sont unanimes sur les inquiétudes exprimées par le maire de Québec Bruno Marchand : il est certain qu’un troisième maillon conduira à un phénomène d’étalement urbain, notamment sur la Côte-Sud. Lorsque les ministres parlent d'”équilibrer” le développement d’est en ouest, il s’agit précisément d’étalement urbain, explique Mme Vandersmissen.

Sur le plan de la forme, la présentation n’a pas convaincu Jean Mercier, professeur retraité spécialisé dans les transports et les politiques publiques. “Monsieur Bonardel a été envoyé à l’abattoir pour défendre la nouvelle version du projet. [Il] il semblait nerveux et parfois peu sûr de lui et ne répondait pas aux questions de manière convaincante. Ses réponses étaient parfois confuses et contradictoires. […] Même les conducteurs peuvent ne pas être satisfaits.

Aucune analyse

François de Rosier insiste : “il est faux” que le projet n’ait “jamais fait l’objet d’une analyse, même sommaire, de sa pertinence au regard des données de déplacements fluviaux”. Le spécialiste de l’économie urbaine et régionale qualifie le projet d'”anachronisme”.

En l’absence d’études de besoins, “l’essentiel des critiques du projet initial subsiste”, renchérit Dominik Villeneuve, adjoint spécialisé dans les transports et la mobilité. Le ministre, a-t-il dit, a fait valoir que le trafic d’intervention s’aggraverait. “Ce sont les excuses nécessaires pour améliorer significativement la liaison en transports en commun entre les deux villes, pas pour augmenter la capacité des autoroutes.