C’est ce que lui et son équipe tenteront à partir de mercredi en offrant aux Canadiens une entrevue virtuelle gratuite de 30 minutes dans la langue officielle de leur choix avec un conseiller en vaccination.
Ce projet pancanadien, baptisé MIICOVAC, s’appuie sur son étude PromoVac, qui a permis d’augmenter le taux de vaccination des nouveau-nés et des jeunes enfants en proposant aux mères hésitantes des discussions sans condamnation avec des conseillères.
Il croit qu’il est possible de reproduire ce succès avec des personnes qui hésitent cette fois devant la vaccination contre la COVID-19, pour elles-mêmes ou leurs enfants, en misant sur un dialogue ouvert.
“S’il travaille pour les parents pour vacciner les enfants, il peut aussi travailler pour la vaccination contre le COVID-19. Nous voulons voir si ces interventions aident les gens à prendre leurs décisions. »
– Citation du Dr Arno Ganor
Ce professeur de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke croit qu’il est possible de les convaincre en ayant avec eux une conversation respectueuse et empathique, au cours de laquelle ils pourront poser des questions sur les éléments qui les passionnent. Car il sait par expérience que présenter les bénéfices de la vaccination n’est parfois pas suffisant et peut même être contre-productif.
Testée pour la première fois à Sherbrooke, l’étude PromoVac du Dr Gagneur a permis de réduire de 40 % la réticence à la vaccination au Québec et d’inciter davantage de parents à faire vacciner leurs enfants.
La couverture vaccinale s’est améliorée de 3,3 % chez les nourrissons de 3 mois, de 5 % chez les nourrissons de 5 mois et de 7,4 % chez les nourrissons de 7 mois. Le projet démontre également une probabilité accrue de 9 % que les enfants soient complètement vaccinés à l’âge de 2 ans si leurs parents bénéficient de ce type d’intervention de maternité.
En 2018, cette technique a été étendue aux maternités du Québec sous le nom de Programme de Motivation pour la Maternité Immunisation des Enfants (EMMIE).
Campagne de vaccination de renouvellement
Le Dr Arno Gannor estime que la vaccination est l’un des éléments les plus importants à affronter dans les prochains mois de la pandémie.
“C’est difficile de repartir avec de longues fermetures et on peut s’attendre à d’autres grosses vagues. Le message sur la nécessité de la vaccination doit être renforcé. »
– Citation du Dr Arno Ganor
Cependant, si la campagne de vaccination contre la COVID-19 a initialement suscité l’enthousiasme de la plupart des Canadiens, les niveaux de vaccination stagnent depuis plusieurs mois.
Un peu plus de 80 % de la population canadienne a reçu deux doses du vaccin. Dans quatre provinces et territoires (Alberta, Saskatchewan, Manitoba, Nunavut et Territoires du Nord-Ouest), le taux de vaccination est inférieur à 80 % pour deux doses.
Seulement 47 % des Canadiens ont reçu la dose de rappel, essentielle pour faire face à la variante Omicron. En Alberta et au Nunavut, le pourcentage est de 36 %.
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Fatima Tohmafshan, généticienne et communicatrice scientifique, sensibilise à l’importance de la vaccination depuis près d’une décennie. Le Coronavirus Rapid Response Network (CoVaRR-Net), dont elle est la directrice de l’engagement communautaire et des patients, est lié au projet du Dr Gagner.
Elle dit également qu’elle comprend pourquoi certaines personnes sont si réticentes à se faire vacciner. C’est une décision qui affecte la santé humaine et c’est une décision très personnelle. Et être en mesure d’évaluer correctement les risques et les avantages peut être difficile, a-t-elle déclaré.
Elle se plaint également que les gouvernements ont transféré la majeure partie de la responsabilité de la vaccination des personnes sans leur donner les outils nécessaires pour prendre une décision éclairée.
Bien que la vaccination soit maintenant une question polarisante et politisée, elle croit que la stratégie du Dr Ganner est un bon moyen d’atteindre ceux qui hésitent sans les stigmatiser.
Des entretiens sans condamnation
Selon le Dr Arno Ganier, la méthode de l’entrevue motivationnelle est une approche qui permet aux personnes qui hésitent à s’exprimer d’être respectées dans leurs entrevues, de ne pas être jugées et d’être indépendantes dans leurs choix.
Photo : Briand Goldman / Radio-Canada
Le Dr Arno Ganner et les conseillers du MIICOVAC utiliseront une méthode appelée entretien motivationnel, un style de communication empathique et non conflictuel développé par des psychologues pour provoquer un changement de comportement (par exemple, arrêter de fumer, mieux se nourrir, etc.). C’est ce type de communication qui est utilisé avec les mères après la naissance.
Le but n’est pas de convaincre ceux qui participeront à tout prix, mais plutôt de répondre à leurs questions et d’écouter leurs préoccupations sans les condamner.
“C’est une approche humaniste, respectueuse de la personne qui vise à comprendre ses peurs, à lui donner des informations qui ont du sens pour elles, le tout dans une ambiance de bienveillance. »
– Citation du Dr Arno Ganor
Fatima Tohmafshan promet que les conseillers ne bombarderont pas les gens de données dans l’espoir de les convaincre. Nous voulons d’abord écouter et confirmer leurs craintes, a-t-elle déclaré.
Selon le Dr Gagner, la population fait face à une “infodémie” en lien avec la pandémie. Il pense que ce projet peut aider les personnes qui se sentent perdues dans le flux d’informations. Il y a beaucoup d’informations, beaucoup d’informations contradictoires et de fausses informations, a-t-il dit. Les gens sont un peu perdus et fatigués qu’on leur dise tout et vice versa.
L’équipe CoVaRR-Net, composée de près de 100 chercheurs interdisciplinaires canadiens, a formé des conseillers.
Ces conseillers ont accès à un réseau qui dispose de toutes les dernières recherches et données sur le COVID et les vaccins, explique le Dr Gagner. Si les conseillers n’ont pas pour objectif d’enseigner un cours de virologie, ils disposeront en effet de toutes les données scientifiques actuelles. Ils ont une formation scientifique; ils ne diront rien.
Le Dr Arno Gannor croit fermement que ce projet peut contribuer à augmenter le taux de vaccination, mais ajoute que l’autonomie d’une personne qui refuse de se faire vacciner après l’entretien doit être respectée. Au moins, ces personnes auront toutes les informations dont elles ont besoin pour prendre une décision éclairée, a-t-il déclaré.
Les personnes intéressées peuvent prendre rendez-vous sur le site du MIICOVAC (Nouvelle fenêtre). Les séances sont disponibles du lundi au vendredi de 08h00 à 20h00 et le samedi de 10h00 à 16h00.
Le projet est financé par l’Agence de la santé publique du Canada.
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